Témoignage d'un débaptiséComment on devient mécréant |
L'homme est un animal crédule qui a besoin de croire.
Je pense que je suis né dans des conditions assez difficiles, et ne devais pas donner des signes de vigueur bien rassurants, car j’ai été baptisé à l’âge de trois jours, dans la clinique qui fut mon lieu de naissance (avec autorisation de monseigneur l’évêque).
J’étais un enfant bien élevé. Ma grand-mère fut mon représentant légal jusqu’à son décès ; j’avais alors 10 ans. A ce moment ma mère fut obligée de me reconnaître officiellement ; je ne l’ai d’ailleurs appris que bien plus tard, en lisant mon bulletin de naissance dont je m’étais fait délivrer une copie pour constituer mon dossier de retraite ! Jusqu’alors une simple fiche d’état civil avait suffi pour mes démarches. Ma grand-mère était une fervente catholique, à la limite de la bigoterie, comme cela était fréquent à l’époque ; elle entretenait une correspondance avec des prêtres, leur demandant des conseils qui ne s’avérèrent pas toujours judicieux. Elle avait une cousine éloignée, moniale dominicaine à Paray le Monial, où s’illustra la célèbre visionnaire Marguerite Marie Alacoque (défendu de rire !!!), qui était la gloire spirituelle de la famille. Son fils (mon oncle) avait été séminariste, mais au moment de prononcer ses vœux, il n’avait pu se décider à sauter le pas et avait entrepris une carrière dans l’armée (passé du goupillon au sabre, comme diraient de méchantes langues). Il est cependant resté très croyant toute son existence, et garda des liens avec ses camarades de séminaire, qui furent quelque peu ambigus du temps de leur jeunesse, si j’en juge par les courriers que j’ai retrouvés dans le grenier et les allusions qui se faisaient parfois à « bas bruit ». Bien que ma grand-mère ait fait couper court aux relations que ma tante avait nouées, dans ses jeunes années, avec un jeune homme, sous prétexte qu’il était juif (fi ! un déicide !), elle eut cependant pendant l’occupation une attitude très digne à propos de la persécution des juifs. Au cours de nos promenades, nous rencontrions parfois un vieux monsieur du quartier qui portait l’étoile jaune ; elle allait ostensiblement lui parler et me demandait de quitter ma casquette pour le saluer. Et puis monsieur Jacob un jour a disparu et nous ne l’avons jamais revu. Ce fut un grand chagrin de mon enfance qui suscite encore chez moi beaucoup d’émotion. Lorsque j’eus 4 ans, on m’inscrivit au « jardin d’enfant » (mettre les lèvres en avant, en cul de poule, et prononcer : jordin d’onfon) dans un établissement confessionnel mené de main de maître par une demoiselle licenciée ès bigoteries. C’était une grande femme sèche, non dépourvue d’élégance malgré sa longue et sinistre robe noire, le cou souligné d’une bande de gros grain blanc (son « collier de chien » selon un irrévérencieuse appellation), symbole ostentatoire de virginité. En plus des activités propres aux écoles maternelles, nous étions soumis à des exercices religieux fréquents : messes, prières en début et fin des demi-journées d’activité, séances d’instruction religieuses, etc.… C’est là que j’ai commencé à me faire remarquer à mon désavantage : ces cours étaient donnés soit par des institutrices ou surveillantes, soit par la directrice elle-même ; et parfois les versions des mythes que l’on nous contait variaient par quelques détails. Déjà maniaque de l’ordre et de l’exactitude, je ne manquais pas de relever ces détails :
Ce qui me fit attribuer l’épithète de « petit raisonneur » et la réputation d’avoir la tête dure. Une partie du programme consistait à nous persuader des dangers que représentent les hérétiques, mécréants et surtout les païens et les idolâtres. Les païens ! L’horreur absolue, l’abomination de la désolation : « Entendez vous dans nos campagnes, mugir ces féroces païens ! » Adorateurs d’idoles, de surcroît ! Une autre partie du programme était consacré à l’enfance du Christ (pas l’oratorio de Berlioz) : un petit blondinet gentil, la tête ceinte d’une auréole, doux, charmant avec ses camarades, avec lesquels il partageait son goûter, et autres niaiseries de même farine. Ce culte du Christ enfant je crois persiste encore ; il y a quelques années, me promenant un dimanche matin au marché de la rue Mouffetard, j’avisais, s’apprêtant à entrer dans l’église saint Médard, une jeune dame bien mise, tenant par la main une petite fille fort élégante, et s’efforçant de dompter de l’autre main un jeune forcené qui criait, trépignait, pleurait. Et la bonne dame de s’exclamer : « Voyons, Gontran ? Enguerrand ? Amaury ? (je ne me souviens plus) Cessez immédiatement cette comédie ! Vous allez fâcher le petit Jésus ! ». Pauvres enfants ! Nous chantions également une chansonnette à la gloire du personnage : « Le petit Jésus s’en va à l’école
Pardon pour ces commentaires que d’aucun pourraient peut-être trouver blasphématoires. C’est à peu près à cette époque que j’ai vécu une expérience étonnante. C’était l’après-midi de la veille de Noël. Nous nous apprêtions à nous rendre à la messe de minuit, qui, à cause du couvre feu, était célébrée à cinq heures de l’après midi. Avant de partir, il convenait que j’installe une de mes paires de chaussures devant la cheminée, selon la tradition ; car le père Noël devait passer pendant que nous étions à la messe. Il était sans doute tenu lui aussi de respecter le couvre feu, et d’ailleurs c’eut été imprudent de circuler la nuit : imaginez le drame si les artilleurs de la Flak avaient confondu son traîneau et ses rennes avec un Spitfire, un Lancaster ou un B24 ! Au moment de partir, je m’avisais que j’avais oublié quelque chose dans ma chambre, je m’y rendis donc. Lorsque j’ouvris la porte, je fus saisi de terreur, refermais doucement la porte et restais bouche bée, le cri que je voulais pousser retenu dans ma gorge nouée (voir le célèbre tableau d’Edvard Munch : le cri). Me voyant blême, tremblant, suffoquant, mes proches me demandèrent ce qui m’arrivait et je répondis dans un souffle :
Réponse embarrassée :
Mais je persistais malgré tous les arguments développés pour me persuader du contraire (sauf évidemment à reconnaître que le Père Noël étant un mythe, je ne risquais pas de pouvoir le rencontrer !).
Lorsque je découvris plus tard que cette histoire de Père Noël n’était qu’une carabistouille, que les grandes personnes s’amusent à propager pour s’amuser de la naïveté des enfants, je me suis posé des questions autrement plus graves.
Du jardin d’enfant, mes petits camarades et petites camarades (il y avait une majorité de filles) étions passés à l’apprentissage de la lecture et les exercices religieux devenaient plus sérieux : maintenant c’était le catéchisme, avec l’échéance de la première communion dite privée ; nous avions alors 7 ans qui est, paraît-il, l’âge de raison ( ?).
Il y eut également au mois de mai, pour célébrer le mois dit « de Marie », une grande procession dans la cour de l’école avec reposoirs, ostensoirs, « habits brodés d’or pour chanter veni creator » et tout le tralala. …. Je suis la madone qu’on prie à genou, Enfin la cérémonie prit fin et chacun retourna en sa chacunière profiter d’un sommeil réparateur.
Le lendemain, la rentrée effectuée et les prières rituelles récitées, les garçons lanceurs de pétales furent convoqués et menés chez la directrice. Nous nous attendions à des compliments pour notre sagesse et notre prestation exemplaire, notre zèle dans l’accomplissement de notre mission. Les petits camarades furent renvoyés en classe, mais la directrice me retint, ayant à s’entretenir en particulier avec moi :
Je tentais de lui expliquais les démêlés que j’avais eus avec mon nez et ses fuites, en vain, argument rejeté. J’ajoutais alors pour ma défense que, comme nous l’avions appris en instruction religieuse, dieu étant partout, peut importait que je l’honorasse dans une direction ou une autre
Affaire classée sans suite : le débarquement en Normandie, ayant eu lieu, les alertes incessantes, les bombardements, l’intensification des actions de la Résistance firent que par mesure de sécurité on nous envoya en vacances avec un mois d’avance.
Mais « le ver était dans le fruit » et cette contestation de l’autorité religieuse se mit à évoluer, piano, piano, comme la calomnie décrite avec talent par don Basile.
Le jour de la rentrée, je reçus ma première leçon de tolérance et de laïcité.
Je lui expliquais (à ce grand ignorant !) que ça signifiait : Jésus Marie Joseph. Il m’expliqua alors très gentiment que dans cette école, tout le monde n’était pas forcément catholique et qu’il pourrait y avoir des élèves ayant une autre religion, ou pas de religion du tout ; de même je pourrais être choqué que quelqu’un affichât des signes d’une religion qui n’était pas la mienne.
Néanmoins j’étais toujours astreint à suivre, plus que jamais les séances de catéchisme afin de préparer ma première communion solennelle, la « vraie », la première n’étant qu’un hors d’œuvre mystique. Au bout de deux ans de ce régime et après un examen passé avec brio, ( !) au cours duquel j’avais récité, comme mes petits camarades, des phrases et des mots auxquels je ne comprenais pas grand-chose (on ne nous demandait pas de comprendre mais de savoir : dans le décalogue, que signifie œuvre de chair ? qu’est-ce ça veut dire, une vertu théologale, comment commet-on le péché de luxure, etc.) nous fîmes retraite dans la chapelle du Lycée ….public !). Récitant prières, entonnant cantiques et ingurgitant d’indigestes sermons, nous nous préparions au grand jour. Enfin, nous n’avions pas classe et les récréations étaient longues : il faut toujours voir le bon côté des choses.
Le dimanche matin, harnachés de pied en cap : costume croisé bleu, chemise blanche et cravate, brassard, médaille, missel, que sais-je encore, nous fîmes notre entrée solennelle, en rang par deux, les petits devant, les grands derrière aux accents d’un cantique chanté par une assistance émue. J’avais bien sûr reçu des cadeaux mais crucifix, bénitiers et autres accessoires sacerdotaux n’avaient déclenché qu’un enthousiasme tout relatif. L’année suivante il fallut remettre ça et renouveler cette cérémonie et, en conséquence, assister encore à une année de catéchisme. En plus des candidats au renouvellement de la communion, de grands dadais des « grandes classes » assistaient à ce qu’il était convenu de nommer le « catéchisme de persévérance ». Je les trouvais remarquablement niais, et les considérais avec pitié comme des infirmes (c’est d’ailleurs le même sentiment que j’éprouve en présence de bigots de tous âges). Quelle idée ! Se lever volontairement un jeudi matin pour aller discuter de vétilles convenues et de points de théologie (*) rase-motte ! L’un de ces enragés maintenant en retraite pontifie et s’affaire dans la commission épiscopale qui gère les quincailleries sacerdotales. (*) la théologie, un oxymore : étude de rien. Je dois avouer que j’ai toujours eu l’esprit bassement terre à terre, matérialiste, ne me satisfaisant que du concret et du tangible, dès mon enfance. J’observais autour de moi :
Je me culpabilisais énormément en voyant ces hommes en robe noire, ou pire, en habits rouges, aux airs importants, et convaincus de leur puissance et de leur autorité. Je culpabilisais disais-je en prenant vaguement conscience qu’ils ne brassaient que du vent en se livrant à des pantomimes parfaitement inutiles et inefficaces (Prières pour la paix, pour le retour des prisonniers, etc. A la fin ils furent exaucés, c’est vrai, mais je doute que leurs patenôtres y aient été pour grand-chose). Je n’en avais pas fini pourtant avec les pieux exercices : bien que délivré de mes « obligations religieuses », le dimanche matin, les vieilles bigotes du voisinage venaient me cueillir au saut du lit, afin que je me rende à la chapelle du quartier y faire mes dévotions J’appris plus tard que les bigotes en question avaient vécu pendant leur jeunesse des aventures quelque peu scabreuses ; mais c’est dans l’ordre des choses : quand le diable devient vieux, il se fait moine.
De surcroît, il fallait au moins à Pâques et pour les grandes fêtes, communier et auparavant se confesser sous peine de commettre un péché mortel !
Un jour cependant je suis tombé sur un petit abbé teigneux qui m’a passé un sévère sermon, me reprochant sans aménité mes manquements à mes devoirs de chrétien, et nia nia nia et nia nia nia. J’avais également découvert que certains de mes camarades de classe, appartenant à des familles protestantes, athées ou simplement mécréantes, d’horribles païens en somme, ne tuaient pas, ne volaient pas et leur amitié était égale et parfois plus franche que celle des catholiques.
Toujours je culpabilisais, j’avais encore des scrupules, il semblait nécessaire d’avoir une religion, ou une croyance. Donc j’ai un jour assisté, accompagnant un camarade, à un office au temple protestant. J’avais été conquis par l’atmosphère familiale, la courtoisie, la paix qui semblaient y régner. Pas de diatribes contre les autres religions, comme j’avais coutume d’en entendre aux prêches des sermonneurs catholiques, pas de références aux mécréants ou aux païens.
Les anabaptistes, amish, darbystes et autres sectes, après une instruction religieuse poussée procèdent au baptême des jeunes adultes, ou adolescents, en leur laissant le choix de recevoir volontairement ce sacrement. Une hypocrisie de plus en somme : « tu as le droit de choisir la seule voie qui t’es proposée » : pas plus de choix et de liberté d’action que pour les enfants qui sont « invités » à faire leur première communion. Donc, toute réflexion faite, malgré l’impression agréable que j’avais eue de cette société, j’y retrouvais une partie des affirmations abracadabrantes que l’on débusque à chaque page des textes dits sacrés.
Non, je n’ai pas la foi du charbonnier, et je n’ai pas tardé à me sentir et me déclarer athée convaincu.
Au cours de ma formation professionnelle, à l’Ecole Normale, j’ai pu me faire une idée plus juste de la laïcité.
Belle leçon que j’ai retenue. Au cours de ma carrière, j’ai eu souvent l’occasion de rencontrer les curés des communes où j’exerçais. J’ai la plupart du temps entretenu avec eux de très bons rapports. A notre première rencontre, je les mettais au courant de ma mécréance afin qu’il n’y ait pas d’ambiguïté et ça se passait généralement bien. Je ne leur ai jamais causé de difficultés, je me montrais arrangeant lorsqu’ils récupéraient leurs ouailles pour les mener au catéchisme, etc.
Quand je fus incorporé à l’armée pour faire mon service militaire, je dus déclarer à quelle religion j’appartenais, et oui, on posait la question ! Je me déclarais donc athée.
Lorsque je fus sur le point de me marier, se posa la question des modalités de la cérémonie. Un mariage civil, conforme à mes convictions et ayant force de loi en notre pays m’aurait largement suffi. Mais ma future épouse ne l’entendait pas de cette oreille, je demeurais intraitable sur le sujet. Mais elle contacta probablement (et à mon insu) un prêtre du secteur qui nous convoqua.
J’ai également accepté de plus ou moins bonne grâce que mes enfants soient baptisés, mais ce fut alors parfois l’occasion d’échanges de piques avec les représentants du clergé.
Je nourrissais déjà le projet de me faire débaptiser, mais suite à cette conversation, j’y pensais plus souvent. Le temps, passait et j’essayais de me renseigner afin de savoir quelle était la procédure pour demander de me faire rayer des registres de baptême. Bien sûr, ça ne m’empêchait pas de dormir, mais je cherchais et ne savais où m’adresser.
Lorsque nous avons fait installer Internet, ma première recherche m’a permis de me connecter sur le site atheisme.free, où j’ai trouvé toutes les références utiles.
Je ne puis décrire la grande joie et la paix intérieure, l’impression de mieux respirer, le sentiment de délivrance que j’ai ressenti, un sentiment de libération de ne plus appartenir à cette société dont je n’approuve pas les valeurs qu’elle proclame, ni les croyances qu’elle professe. Evidemment je ne suis pas allé jusqu’à faire chanter un te deum … Réactions du « public »Tout à la joie de mon accès au monde des païens tant redoutés, je fis part de ma démarche et de sons succès à mes compagnons (à peu près tous mécréants ou indifférents) lors d’une réunion de bureau d’association. Certains accueillirent la nouvelle avec intérêt, d’autres avec indifférence, mais je vis une sorte d’effroi sur le visage de quelques autres. J’observais la même réaction chez une amie à qui j’avais incidemment fait part de cette nouvelle : une incompréhension superstitieuse, j’avais outrepassé un tabou. Je pense que certains m’ont perçu comme un Don Juan serrant la main du Commandeur. Un impie, certes, mais surtout un dangereux provocateur, un inconscient bravant la foudre céleste, pour ces gens qui ne pratiquent pas mais qui restent en retrait en se disant : « On ne sait jamais. » Au cours d’un voyage touristique, je me trouvais avec des personnes qui incidemment m’avaient déclaré leur non foi, leur mécréance. Nous attendions que les participants à une cérémonie religieuse aient évacué l’église que nous devions visiter. Je leur fis part de ma démarche et de son succès. Ils me montrèrent aussitôt quelque froideur et me déclarèrent que c’était une décision dangereuse, que j’aurais des difficultés si je voulais un jour voyager dans un pays musulman, par exemple. A quoi je leur répondis que je ne voyagerais dans ces contrées que lorsque leurs gouvernements auraient instauré la tolérance religieuse et la liberté de pensée. Par la suite, ces personnes ne m’adressèrent plus la parole pendant les quelques jours que dura notre voyage … Cela fait maintenant 10 ans, depuis le premier décembre, que mon nom a été rayé des registres paroissiaux de l’église saint Ausone d’Angoulême. Par contre mon nom y figure toujours, et j’y tiens, assorti de la mention : a renié son baptême. En effet je tiens a bien montrer que ce baptême m’ayant été administré, sans avoir requis, et pour cause, mon consentement, je tiens, dis-je a faire savoir que, pleinement conscient, je récuse cette décision. Quelques réflexions à propos des rapports croyants-incroyantsRégulièrement, les croyants s’estiment en droit de traiter de sectaires, laïcards, intolérants, les incroyants qui expriment le plus souvent avec modération leurs opinions à propos des prétendues révélations divines, ou bien lorsqu’ils demandent que soient appliqués les principes de neutralité et de laïcité. Ces mêmes croyants ont imaginé le principe de laïcité à géométrie variable : laïcité positive, par exemple, ce qui ne veut rien dire, sinon pouvoir l’assaisonner à sa sauce personnelle, l’interpréter à son avantage. La laïcité existe en tant que laïcité, tout court, sinon elle n’existe pas.Or, cette intolérance qu’ils reprochent aux autres, en réalité ce sont eux qui la pratiquent allégrement. Je ne prétends pas qu’il n’y ait pas de mécréants agressifs, mais il m’est souvent arrivé, donnant un avis quelque peu critique à propos d’une question religieuse, d’être violemment pris à partie verbalement. A contrario, lorsque j’entends développer des théories fumeuse et afficher des croyances absolument contraires au plus élémentaire bon sens, bien que me sentant agressé, j’évite par courtoisie d’y répondre, courtoisie que l’on observe rarement chez ces mêmes croyants. Si l’on peut qualifier de blasphème religieux une déclaration ressentie comme injurieuse par des croyants (l’affaire des caricatures de Mahomet, par exemple), on peut de même qualifier de blasphème laïc une déclaration évoquant une croyance qui fait injure à la raison. Comme d’aucuns se demandaient « comment pouvait-on être persan », je me pose la question : comment peut-on être croyant, quand je vois des personnes se conduisant normalement dans l’existence, faisant preuve d’habileté et d’intelligence mais perdant tout sens commun quand il s’agit de la chose religieuse. Je me l’explique par le syndrome de dissonance cognitive qui provoque une véritable dichotomie entre le monde réel et celui de la foi. J’ai été conforté dans mon hypothèse en lisant un livre assez ancien (cité plus haut) qui traite des cas d’« hystérose » que l’on nommerait maintenant je pense, réaction psychosomatique. On y trouve relatés quelques exemples concrets de personnes qui ont dans leurs activités quotidiennes un comportement tout à fait normal, mais qui, dans certaines circonstances, se comportent d’une façon parfaitement irrationnelle, induite par un événement traumatique ou affectif, tout simplement par exemple, les horribles châtiments que l’on promet aux pauvres pêcheurs, dans les leçons de catéchisme. Il est vrai que la croyance en un monde magique et irrationnel est plus que répandue : l’extraordinaire et le merveilleux font davantage recette que la réalité et la normalité. Mais au fait qu’est-ce qu’un comportement normal ? Qu’est-ce qui le définit ? Et qui peut se vanter d’avoir ce comportement, sans développer des idées fixes, « dadas », manies et autres TOC dont nous sommes plus ou moins conscients ?
Jean-Jacques Bonnin |
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