Témoignage d'un débaptisé

Comment on devient mécréant

L'homme est un animal crédule qui a besoin de croire.
En l'absence de raisons valables de croire, il se satisfait de mauvaises
Bertrand Russel 1872-1970 (prix Nobel de littérature 1950)

Je pense que je suis né dans des conditions assez difficiles, et ne devais pas donner des signes de vigueur bien rassurants, car j’ai été baptisé à l’âge de trois jours, dans la clinique qui fut mon lieu de naissance (avec autorisation de monseigneur l’évêque).
Ma mère n’ayant pas pris la précaution de se marier avant de me mettre au monde (ni même après), ce qui maintenant est devenu banal et sans conséquences, était très mal vu à cette époque, surtout dans un milieu qui se voulait bourgeois (petit), rangé et conventionnel. Je n’ai jamais eu de précisions sur cette période difficile.
Il était d’ailleurs inutile que je questionne à ce sujet, un jour que j’avais dû poser une question un tant soit peu embarrassante, je m’étais entendu répondre :

  • « Un enfant bien élevé ne pose pas de questions ».

J’étais un enfant bien élevé.

Ma grand-mère fut mon représentant légal jusqu’à son décès ; j’avais alors 10 ans. A ce moment ma mère fut obligée de me reconnaître officiellement ; je ne l’ai d’ailleurs appris que bien plus tard, en lisant mon bulletin de naissance dont je m’étais fait délivrer une copie pour constituer mon dossier de retraite ! Jusqu’alors une simple fiche d’état civil avait suffi pour mes démarches.

Ma grand-mère était une fervente catholique, à la limite de la bigoterie, comme cela était fréquent à l’époque ; elle entretenait une correspondance avec des prêtres, leur demandant des conseils qui ne s’avérèrent pas toujours judicieux. Elle avait une cousine éloignée, moniale dominicaine à Paray le Monial, où s’illustra la célèbre visionnaire Marguerite Marie Alacoque (défendu de rire !!!), qui était la gloire spirituelle de la famille.

Son fils (mon oncle) avait été séminariste, mais au moment de prononcer ses vœux, il n’avait pu se décider à sauter le pas et avait entrepris une carrière dans l’armée (passé du goupillon au sabre, comme diraient de méchantes langues). Il est cependant resté très croyant toute son existence, et garda des liens avec ses camarades de séminaire, qui furent quelque peu ambigus du temps de leur jeunesse, si j’en juge par les courriers que j’ai retrouvés dans le grenier et les allusions qui se faisaient parfois à « bas bruit ».

Bien que ma grand-mère ait fait couper court aux relations que ma tante avait nouées, dans ses jeunes années, avec un jeune homme, sous prétexte qu’il était juif (fi ! un déicide !), elle eut cependant pendant l’occupation une attitude très digne à propos de la persécution des juifs.

Au cours de nos promenades, nous rencontrions parfois un vieux monsieur du quartier qui portait l’étoile jaune ; elle allait ostensiblement lui parler et me demandait de quitter ma casquette pour le saluer. Et puis monsieur Jacob un jour a disparu et nous ne l’avons jamais revu. Ce fut un grand chagrin de mon enfance qui suscite encore chez moi beaucoup d’émotion.

Lorsque j’eus 4 ans, on m’inscrivit au « jardin d’enfant » (mettre les lèvres en avant, en cul de poule, et prononcer : jordin d’onfon) dans un établissement confessionnel mené de main de maître par une demoiselle licenciée ès bigoteries. C’était une grande femme sèche, non dépourvue d’élégance malgré sa longue et sinistre robe noire, le cou souligné d’une bande de gros grain blanc (son « collier de chien » selon un irrévérencieuse appellation), symbole ostentatoire de virginité.

En plus des activités propres aux écoles maternelles, nous étions soumis à des exercices religieux fréquents : messes, prières en début et fin des demi-journées d’activité, séances d’instruction religieuses, etc.… C’est là que j’ai commencé à me faire remarquer à mon désavantage : ces cours étaient donnés soit par des institutrices ou surveillantes, soit par la directrice elle-même ; et parfois les versions des mythes que l’on nous contait variaient par quelques détails. Déjà maniaque de l’ordre et de l’exactitude, je ne manquais pas de relever ces détails :

  • «Vous dites ceci, et pourtant la dernière fois, Mlle X a dit cela.»

Ce qui me fit attribuer l’épithète de « petit raisonneur » et la réputation d’avoir la tête dure.

Une partie du programme consistait à nous persuader des dangers que représentent les hérétiques, mécréants et surtout les païens et les idolâtres. Les païens ! L’horreur absolue, l’abomination de la désolation : « Entendez vous dans nos campagnes, mugir ces féroces païens ! » Adorateurs d’idoles, de surcroît !

Une autre partie du programme était consacré à l’enfance du Christ (pas l’oratorio de Berlioz) : un petit blondinet gentil, la tête ceinte d’une auréole, doux, charmant avec ses camarades, avec lesquels il partageait son goûter, et autres niaiseries de même farine.

Ce culte du Christ enfant je crois persiste encore ; il y a quelques années, me promenant un dimanche matin au marché de la rue Mouffetard, j’avisais, s’apprêtant à entrer dans l’église saint Médard, une jeune dame bien mise, tenant par la main une petite fille fort élégante, et s’efforçant de dompter de l’autre main un jeune forcené qui criait, trépignait, pleurait. Et la bonne dame de s’exclamer : « Voyons, Gontran ? Enguerrand ? Amaury ? (je ne me souviens plus) Cessez immédiatement cette comédie ! Vous allez fâcher le petit Jésus ! ». Pauvres enfants !

Nous chantions également une chansonnette à la gloire du personnage :

« Le petit Jésus s’en va à l’école
En portant sa croix dessus son épaule (ça devait être une croix modèle junior Babygros, qui grandit avec l’enfant, et la maîtresse devait se demander : que fait-il donc avec ces deux morceaux de bois et ce cercle brillant autour de la tête ?)
Quand il savait sa leçon (Tiens, il ne la savait donc pas toujours ? Pas si parfait que ça le mignard !)
On lui donnait des bonbons
Une pomme douce
Pour mettre à sa bouche
Un bouquet de fleurs
Pour mettre à son cœur.

Pardon pour ces commentaires que d’aucun pourraient peut-être trouver blasphématoires.
Je trouvais cela très mièvre et nigaud, et je me suis longtemps posé des questions sur ce culte : comment peut-on fantasmer sur un personnage que l’on considère quasiment comme vivant, dans une sorte de vie parallèle, alors que l’on a conté sa vie à l’âge adulte et sa fin tragique ?
J’ai enfin compris : quand on est à la fois le père, le fils et le saint esprit, pourquoi ne pas être également le petit Jésus ? Mais alors, ce n’est plus la sainte trinité, c’est le tétramorphe sacré, les théologiens devraient revoir ça !

C’est à peu près à cette époque que j’ai vécu une expérience étonnante. C’était l’après-midi de la veille de Noël. Nous nous apprêtions à nous rendre à la messe de minuit, qui, à cause du couvre feu, était célébrée à cinq heures de l’après midi. Avant de partir, il convenait que j’installe une de mes paires de chaussures devant la cheminée, selon la tradition ; car le père Noël devait passer pendant que nous étions à la messe. Il était sans doute tenu lui aussi de respecter le couvre feu, et d’ailleurs c’eut été imprudent de circuler la nuit : imaginez le drame si les artilleurs de la Flak avaient confondu son traîneau et ses rennes avec un Spitfire, un Lancaster ou un B24 !

Au moment de partir, je m’avisais que j’avais oublié quelque chose dans ma chambre, je m’y rendis donc. Lorsque j’ouvris la porte, je fus saisi de terreur, refermais doucement la porte et restais bouche bée, le cri que je voulais pousser retenu dans ma gorge nouée (voir le célèbre tableau d’Edvard Munch : le cri).

Me voyant blême, tremblant, suffoquant, mes proches me demandèrent ce qui m’arrivait et je répondis dans un souffle :

  • « Je viens de voir le Père Noël, il est dans ma chambre ! ».

Réponse embarrassée :

  • Mais non, voyons, arrête de dire des bêtises !

Mais je persistais malgré tous les arguments développés pour me persuader du contraire (sauf évidemment à reconnaître que le Père Noël étant un mythe, je ne risquais pas de pouvoir le rencontrer !).
J’avais bien vu le père Noël, à genou devant la cheminée, avec une sorte de capuche marron sur la tête, il ne fut pas possible de m’en faire démordre, et aujourd’hui encore, je cette revois cette scène, une pure hallucination.

Lorsque je découvris plus tard que cette histoire de Père Noël n’était qu’une carabistouille, que les grandes personnes s’amusent à propager pour s’amuser de la naïveté des enfants, je me suis posé des questions autrement plus graves.
Le Père Noël est une fiction savamment entretenue auprès des jeunes enfants ; sous l’influence et l’autorité des adultes ; ils ne sont pas encore capables de former un, jugement critique.
Mais qui prouve que les miracles, apparitions, voies célestes ouïes par les uns ou les autres, venant de personnages virtuels, sauf, bien sûr pour les « bienheureux visités », ne sont pas le résultat d’hallucinations, comme celle que j’avais vécue ?
Ma foi, déjà pas toujours bien profonde, fut fortement ébranlée.
Cette opinion fut plus tard confirmée à la lecture d’ouvrages de spécialistes en psychiatrie ou psychologie, analysant les phénomènes d’apparitions et autres manifestations divines (La Vérité sur Lourdes L’hystérie de Bernadette de Lourdes, docteur Hippolyte Rouby 1905-1906 consultable ou téléchargeable sur Gallica BNF).

Du jardin d’enfant, mes petits camarades et petites camarades (il y avait une majorité de filles) étions passés à l’apprentissage de la lecture et les exercices religieux devenaient plus sérieux : maintenant c’était le catéchisme, avec l’échéance de la première communion dite privée ; nous avions alors 7 ans qui est, paraît-il, l’âge de raison ( ?).
Cette cérémonie se déroula un matin d’avril ou de mai, je ne sais plus, dans la chapelle de l’établissement où nous avions dû parfois assister à la messe (les locaux de l’établissement ayant été rachetés par les Domaines pour y installer l’Inspection académique, il m’est arrivé de me retrouver dans cette fameuse chapelle qui abritait les services comptables).
Quelques jours avant la cérémonie, nous avions répété celle-ci : entrée, mise en place, défilé, génuflexions, debout, assis, à genoux etc., le tout au son du « clap » manœuvré énergiquement par la directrice, selon un code que nous avions dû apprendre.
Nous avions également été exercés à la déglutition correcte de l’hostie avec des pièces non consacrées, bien sûr. Il ne fallait pas commettre le sacrilège d’y mettre les dents : il fallait apprendre à avaler le bon dieu, mais sans le mâcher !

Il y eut également au mois de mai, pour célébrer le mois dit « de Marie », une grande procession dans la cour de l’école avec reposoirs, ostensoirs, « habits brodés d’or pour chanter veni creator » et tout le tralala.
Les jeunes catéchumènes suivaient le saint sacrement, les filles devant, les garçons derrière. Il avait fallu se procurer des contenants remplis de pétales de roses que nous devions semer le long de notre parcours. Nous tenions ces réceptacles devant nous, suspendus à notre cou par un beau ruban ; nous y puissions des poignées de pétales que nous jetions en l’air dans une geste plein de grâce. Spectacle touchant ! Ce jour là j’étais vêtu d’un costume marin qui m’avait été fourni par une jeune voisine et amie, un peu plus âgée que moi. Elle avait revêtu ce vêtement pour un spectacle donné au profit des prisonniers de guerre. Elle avait dansé la « matelote », seule sur la scène du théâtre (elle fit d’ailleurs une carrière de danseuse étoile !).
J’étais donc tout fier de mon costume : maillot à rayures, vareuse à grand col soutaché de bleu, béret blanc à pompon rouge, culotte blanche à pont.
Au moment de l’élévation, tout le monde à genou, les mains enfouies dans le visage, en attitude de profonde méditation, il me vint une horrible envie de me moucher. Zut ! Pas de poche à la culotte à pont ! Pas de poche, pas de mouchoir ! Je jetais un coup d’œil furtif sur l’assemblée recueillie, et « nécessité l’ingénieuse me fournit une invention » (comme aurait dit la Fontaine). Je vérifiais du même coup d’œil que la directrice, perchée sur le balcon durant la cérémonie était elle aussi plongée dans une méditation profonde, proche de l’extase mystique, le visage enfoui dans ses mains. Je saisis promptement une poignée de pétales, me mouchais discrètement puis repris ma position d’adorateur, le tout en quelques secondes. Sauvé ! Personne n’avait vu la manœuvre.
Je trouvais bien ces démonstration de foi un peu idolâtres, mais du moment que c’était le saint sacrement très chrétien, ça ne devait sans doute pas rentrer dans la catégorie « idolâtrie ». Comprenne qui pourra.
Puis la procession s’ébranla de nouveau au son de nos voies aigrelettes, qui entonnaient cantiques et autres ave maria :

…. Je suis la madone qu’on prie à genou,
Qui sourit et pardonne,
Chez nous, chez nous ….

Enfin la cérémonie prit fin et chacun retourna en sa chacunière profiter d’un sommeil réparateur.

Le lendemain, la rentrée effectuée et les prières rituelles récitées, les garçons lanceurs de pétales furent convoqués et menés chez la directrice. Nous nous attendions à des compliments pour notre sagesse et notre prestation exemplaire, notre zèle dans l’accomplissement de notre mission.
Erreur ! La mère d’une petite camarade était venue se plaindre à la directrice : cette jeune enfant, dans le désir de paraître belle et d’honorer dignement le seigneur avait étalé sa brune chevelure, qui descendait jusqu’au milieu de son dos. Pour moi, il y avait là péché d’orgueil, mais on ne me demanda pas mon avis.
Lorsque sa mère la voulut peigner le matin, ses cheveux tout emmêlés de pétales de rose formaient des nœuds vicieux impossibles à démêler, et qui arrachèrent plaintes et gémissements à la pauvre enfant. Nous fûmes rendus responsables de ce malheur, ayant, au dire de la péronnelle, jeté délibérément des pétales dans ses cheveux, dans une intention maléfique. Nous fûmes sévèrement grondés sans même avoir été invités à nous défendre ; et même menacés d’être présentés à monseigneur l’évêque qui résidait dans un immeuble voisin. J’avoue que cette menace ne m’avait pas impressionné outre mesure, tenant le dit évêque, en piètre considération, ayant entendu dire qu’il s’agissait d’un collaborateur notoire.

Les petits camarades furent renvoyés en classe, mais la directrice me retint, ayant à s’entretenir en particulier avec moi :

  • Pendant l’élévation, pourquoi avez vous tourné le dos à l’autel ? (acte sacrilège !).

Je tentais de lui expliquais les démêlés que j’avais eus avec mon nez et ses fuites, en vain, argument rejeté. J’ajoutais alors pour ma défense que, comme nous l’avions appris en instruction religieuse, dieu étant partout, peut importait que je l’honorasse dans une direction ou une autre

  • « Petit raisonneur ! »

Affaire classée sans suite : le débarquement en Normandie, ayant eu lieu, les alertes incessantes, les bombardements, l’intensification des actions de la Résistance firent que par mesure de sécurité on nous envoya en vacances avec un mois d’avance.
Mais je ne comprenais pas comment la directrice, plongée dans son intense méditation, avait pu savoir que j’avais tourné le dos à l’autel. Comme je ne croyais déjà guère aux miracles, je ne vis qu’une solution qui n’était pas à son honneur, ce qui confirma mes doutes sur ce qu’il est convenu d’appeler l’honnêteté intellectuelle de ce personnage.
Ce fut un autre moment décisif dans mon état d’esprit à appréhender le fait religieux. Cela n’eut pas de conséquences immédiates, d’ailleurs l’aurais-je voulu, la pression familiale et du voisinage m’auraient forcé à accepter « la suite ».

Mais « le ver était dans le fruit » et cette contestation de l’autorité religieuse se mit à évoluer, piano, piano, comme la calomnie décrite avec talent par don Basile.
Je passais encore une année dans cet établissement, recevais le sacrement de confirmation ; puis l’année scolaire suivante, je fus inscrit au lycée. A cette époque, certains lycées comportaient des classes de la 11°(CP), à la terminale.

Le jour de la rentrée, je reçus ma première leçon de tolérance et de laïcité.
Notre maître venait de nous distribuer des cahiers, il nous demanda d’écrire notre nom sur la première ligne de la première page. Je fis comme il était de coutume dans le précédent établissement, écrire mon nom sur la deuxième ligne et les lettres JMJ sur la première. Le maître, circulant dans la clase en surveillant notre travail me demanda :

  • Pourquoi as-tu écris JMJ, ce ne sont pas tes initiales ?

Je lui expliquais (à ce grand ignorant !) que ça signifiait : Jésus Marie Joseph. Il m’expliqua alors très gentiment que dans cette école, tout le monde n’était pas forcément catholique et qu’il pourrait y avoir des élèves ayant une autre religion, ou pas de religion du tout ; de même je pourrais être choqué que quelqu’un affichât des signes d’une religion qui n’était pas la mienne.
Je pris en même temps conscience que si des païens se trouvaient parmi nous, ils ne m’avaient pas encore sauvagement agressé, le couteau entre les dents…

Néanmoins j’étais toujours astreint à suivre, plus que jamais les séances de catéchisme afin de préparer ma première communion solennelle, la « vraie », la première n’étant qu’un hors d’œuvre mystique.
Les séances, menées par l’aumônier du Lycée avaient lieu le soir après la classe ou le jeudi matin, me privant d’un temps précieux pour m’amuser, faire mes devoirs ou la grasse matinée. De plus il fallait apprendre par cœur les réponses du livre de « caté » de façon à les réciter au mot près, afin de passer le terrifiant examen, indispensable pour avoir droit d’approcher le saint sacrement.
De plus l’assistance à la messe du dimanche était obligatoire, tout manquement sans motif valable pouvait amener le fautif à redoubler son année de catéchisme ! La « carte de messe » qu’il fallait faire signer et tamponner par le desservant de l’église où l’on avait assisté au saint office confirmait la présence.

Au bout de deux ans de ce régime et après un examen passé avec brio, ( !) au cours duquel j’avais récité, comme mes petits camarades, des phrases et des mots auxquels je ne comprenais pas grand-chose (on ne nous demandait pas de comprendre mais de savoir : dans le décalogue, que signifie œuvre de chair ? qu’est-ce ça veut dire, une vertu théologale, comment commet-on le péché de luxure, etc.) nous fîmes retraite dans la chapelle du Lycée ….public !). Récitant prières, entonnant cantiques et ingurgitant d’indigestes sermons, nous nous préparions au grand jour. Enfin, nous n’avions pas classe et les récréations étaient longues : il faut toujours voir le bon côté des choses.

Le dimanche matin, harnachés de pied en cap : costume croisé bleu, chemise blanche et cravate, brassard, médaille, missel, que sais-je encore, nous fîmes notre entrée solennelle, en rang par deux, les petits devant, les grands derrière aux accents d’un cantique chanté par une assistance émue.
Je me suis ennuyé aussi consciencieusement que durant n’importe quelle messe à laquelle il m’a été infligé la corvée d’assister. Et l’après midi il fallut repiquer aux vêpres, évidemment !
Heureusement, entre temps, après la distribution traditionnelle des images pieuses « souvenir de ma première communion », un repas copieux avait réuni les amis et la famille. Les occasions et les possibilités de faire bombance étaient encore rares et je me souviens d’avoir léché, dans mon assiette, le reste de mayonnaise qui avait accompagné un délicieux merlu (arrosé d’un doigt de Chablis). Ce manque de dignité fut fort peu apprécié par certains membres de l’assistance.

J’avais bien sûr reçu des cadeaux mais crucifix, bénitiers et autres accessoires sacerdotaux n’avaient déclenché qu’un enthousiasme tout relatif.

L’année suivante il fallut remettre ça et renouveler cette cérémonie et, en conséquence, assister encore à une année de catéchisme. En plus des candidats au renouvellement de la communion, de grands dadais des « grandes classes » assistaient à ce qu’il était convenu de nommer le « catéchisme de persévérance ». Je les trouvais remarquablement niais, et les considérais avec pitié comme des infirmes (c’est d’ailleurs le même sentiment que j’éprouve en présence de bigots de tous âges). Quelle idée ! Se lever volontairement un jeudi matin pour aller discuter de vétilles convenues et de points de théologie (*) rase-motte ! L’un de ces enragés maintenant en retraite pontifie et s’affaire dans la commission épiscopale qui gère les quincailleries sacerdotales.

(*) la théologie, un oxymore : étude de rien.

Je dois avouer que j’ai toujours eu l’esprit bassement terre à terre, matérialiste, ne me satisfaisant que du concret et du tangible, dès mon enfance. J’observais autour de moi :

  • Le cordonnier frappe de son marteau la semelle, il livre une chaussure réparée ; le menuisier coupe la planche, il fabrique un objet ; le commerçant s’active dans ses rayons, empoche les « sous », livre la marchandise ; l’électricien se livre à de mystérieuses manipulations, puis l’ampoule s’allume ou le poste de radio fonctionne.
  • Le prêtre bénit la foule, élève son hostie (faut pas regarder !), s’agenouille, se relève fait des grands gestes ; que se passe t-il ? RIEN !

Je me culpabilisais énormément en voyant ces hommes en robe noire, ou pire, en habits rouges, aux airs importants, et convaincus de leur puissance et de leur autorité. Je culpabilisais disais-je en prenant vaguement conscience qu’ils ne brassaient que du vent en se livrant à des pantomimes parfaitement inutiles et inefficaces (Prières pour la paix, pour le retour des prisonniers, etc. A la fin ils furent exaucés, c’est vrai, mais je doute que leurs patenôtres y aient été pour grand-chose).

Je n’en avais pas fini pourtant avec les pieux exercices : bien que délivré de mes « obligations religieuses », le dimanche matin, les vieilles bigotes du voisinage venaient me cueillir au saut du lit, afin que je me rende à la chapelle du quartier y faire mes dévotions J’appris plus tard que les bigotes en question avaient vécu pendant leur jeunesse des aventures quelque peu scabreuses ; mais c’est dans l’ordre des choses : quand le diable devient vieux, il se fait moine.

De surcroît, il fallait au moins à Pâques et pour les grandes fêtes, communier et auparavant se confesser sous peine de commettre un péché mortel !
Quelle corvée ! La ritournelle était toujours la même : prières oubliées, mensonges, colères, manquements à l’obligation de la messe dominicale, pensées impures (sans préciser lesquelles mais ça faisait bien dans le tableau), en omettant soigneusement de signaler des agissements ou des recherches moins innocentes, dont d’ailleurs, nous n’étions pas censés avoir connaissance.
Généralement, le confesseur, après avoir écouté avec une patience bienveillante et résignée le chapelet de méfaits et la récitation du confiteor, donnait son absolution, sa bénédiction et la pénitence.

  • Mon enfant, vous direz x pater et y ave …

Un jour cependant je suis tombé sur un petit abbé teigneux qui m’a passé un sévère sermon, me reprochant sans aménité mes manquements à mes devoirs de chrétien, et nia nia nia et nia nia nia.
Avec sang-froid, j’ai écouté sa capucinade mais j’avais envie de lui chanter une chanson de Boris Vian alors très à la mode : « On n’est pas là pour se faire engueler… ».
Je n’ai jamais remis les pieds dans un confessionnal : on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre ! J’ai éludé les invitations de mes complaisantes et insidieuses voisines en prétextant mon travail de classe, qui c’est vrai, devenait plus important.

J’avais également découvert que certains de mes camarades de classe, appartenant à des familles protestantes, athées ou simplement mécréantes, d’horribles païens en somme, ne tuaient pas, ne volaient pas et leur amitié était égale et parfois plus franche que celle des catholiques.

Toujours je culpabilisais, j’avais encore des scrupules, il semblait nécessaire d’avoir une religion, ou une croyance. Donc j’ai un jour assisté, accompagnant un camarade, à un office au temple protestant. J’avais été conquis par l’atmosphère familiale, la courtoisie, la paix qui semblaient y régner. Pas de diatribes contre les autres religions, comme j’avais coutume d’en entendre aux prêches des sermonneurs catholiques, pas de références aux mécréants ou aux païens.
Ce que je trouvais également louable, c’est que le baptême ne devait pas être administré d’office à la naissance. Ce en quoi d’ailleurs je me trompais, ce n’est pas une règle absolue, toutes les églises réformées ne sont pas d’accord sur le sujet, certaines pratiquent le baptême des très jeunes enfants, d’autres des adolescents théoriquement consentants, d’autres encore des adultes. Il ne semble pas y avoir de consensus à ce sujet.

Les anabaptistes, amish, darbystes et autres sectes, après une instruction religieuse poussée procèdent au baptême des jeunes adultes, ou adolescents, en leur laissant le choix de recevoir volontairement ce sacrement.
J’ai entendu cet argument naïf et j’y ai cru moi même, prétendant de bonne foi que le nouveau baptisé dispose de son libre arbitre. Bien sûr, il n’en n’est rien : élevé dans une atmosphère religieuse avec de constantes références bibliques dispensées à la maison et à l’école du dimanche, une formation scolaire des plus rudimentaires, il y a peu de chance que la jeune personne puisse prendre une décision éclairée. D’ailleurs l’individu qui refuserait le baptême serait immédiatement exclu de la communauté avec tous les dangers et désagréments, l’ostracisme qu’il aurait à subir.

Une hypocrisie de plus en somme : « tu as le droit de choisir la seule voie qui t’es proposée » : pas plus de choix et de liberté d’action que pour les enfants qui sont « invités » à faire leur première communion.

Donc, toute réflexion faite, malgré l’impression agréable que j’avais eue de cette société, j’y retrouvais une partie des affirmations abracadabrantes que l’on débusque à chaque page des textes dits sacrés.

Non, je n’ai pas la foi du charbonnier, et je n’ai pas tardé à me sentir et me déclarer athée convaincu.
Ça ne signifie pas, et j’ai souvent ressorti cet argument à des prêcheurs de tout bord tentant de me convertir, ça ne signifie pas, dis-je, que je nie fermement (du moins publiquement) l’existence d’une divinité, mais n’ayant pas de preuve tangible de son existence, je ne me vois aucune obligation de croire à cette existence.
Dieu existe-t-il ? La théière de Russel et la Licorne Rose Invisible existent-elles ?
Je ne sais pas.

Bien qu’étant un piètre scientifique, je m’efforce d’en avoir l’esprit.
QUE SAIS-JE ?

Au cours de ma formation professionnelle, à l’Ecole Normale, j’ai pu me faire une idée plus juste de la laïcité.
Je me souviens du jour où, en cours de morale professionnelle, le directeur m’a demandé :

  • Vous qui avez fréquenté un établissement confessionnel, comment vous a-t-on appris l’histoire de Jeanne d’Arc ?
  • On nous disait : « Jeanne d’Arc a entendu les voix de l’archange Gabriel etc. »
  • Dans les écoles de la République, nous devons simplement dire aux enfants : on dit que Jeanne d’Arc aurait entendu des voix et aurait cru reconnaître …
    Ainsi on ne choquera personne et on laissera à chacun le droit de croire ce que bon lui semble.

Belle leçon que j’ai retenue.

Au cours de ma carrière, j’ai eu souvent l’occasion de rencontrer les curés des communes où j’exerçais. J’ai la plupart du temps entretenu avec eux de très bons rapports. A notre première rencontre, je les mettais au courant de ma mécréance afin qu’il n’y ait pas d’ambiguïté et ça se passait généralement bien. Je ne leur ai jamais causé de difficultés, je me montrais arrangeant lorsqu’ils récupéraient leurs ouailles pour les mener au catéchisme, etc.

Quand je fus incorporé à l’armée pour faire mon service militaire, je dus déclarer à quelle religion j’appartenais, et oui, on posait la question ! Je me déclarais donc athée.
Cela me valu d’être invité par les responsables de l’aumônerie, des séminaristes (qui, au service des effectifs, avaient fourré leur nez dans les fiches d’incorporation) avec lesquels j’avais de courtoises discussions, avec parfois même des convergences de vue, au sujet de la peine de mort, par exemple, que nous rejetions unanimement.

Lorsque je fus sur le point de me marier, se posa la question des modalités de la cérémonie. Un mariage civil, conforme à mes convictions et ayant force de loi en notre pays m’aurait largement suffi. Mais ma future épouse ne l’entendait pas de cette oreille, je demeurais intraitable sur le sujet. Mais elle contacta probablement (et à mon insu) un prêtre du secteur qui nous convoqua.
Je restais toujours intraitable, pensant sournoisement échapper à une union que je ne désirais pas vraiment, car je craignais quelques inconvénients ; d’ailleurs l’avenir me donna malheureusement raison. Mais étant à l’époque sous le coup d’une expérience pénible et malheureuse, en état de dépression, je n’eus ni l’énergie ni la force de résister.
Je tombais sur un prêtre prêt à vendre sa soutane (j’exagère, il n’en avait pas !) pour garder ou récupérer des clients ; celui-ci accepta que j’assiste à la cérémonie sans faire un geste ou dire une parole pouvant faire penser que je me soumettais à la sainte église catholique romaine et apostolique.
En somme, mon épouse se maria religieusement et je fus le témoin.

J’ai également accepté de plus ou moins bonne grâce que mes enfants soient baptisés, mais ce fut alors parfois l’occasion d’échanges de piques avec les représentants du clergé.
Un jour, devisant avec un collègue, je lui dis que j’avais accepté de laisser baptiser mes enfants uniquement par tradition ethnique et pour leur éviter des inconvénients plus tard, au cas où ils devraient être acceptés dans une famille chrétienne. Il me convainquit que c’était une mauvaise politique que d’apporter de l’eau à un moulin qui ne produisait pas forcément de bonne farine. Etre baptisé, pour la hiérarchie catholique, c’est certes une « âme sauvée », mais c’est surtout une unité ajoutée aux statistiques de l’institution et éventuellement un contributeur au « denier du culte ».

Je nourrissais déjà le projet de me faire débaptiser, mais suite à cette conversation, j’y pensais plus souvent.
Lorsque mes enfants eurent l’âge de recevoir une instruction religieuse, je les prévins qu’ils pourraient s’ils le désiraient, aller au catéchisme, faire leur communion ou tout autre pieux exercice qui leur plairait, mais qu’ils devraient se débrouiller par leur propre moyens, qu’il ne fallait pas compter sur moi : « aide toi, le ciel t’aidera ». Quant à leur mère, elle n’avait nullement envie de se charger de cette corvée.
Néanmoins, je leur ai proposé de leur faire quelques cours d’instruction religieuse œcuméniques : ils ont eu droit, quand ils voulaient bien écouter, à une histoire succincte et parallèle (synoptique diraient les théologiens) de Gilgamesh, Osiris, Zeus et Jupiter, Vénus et Aphrodite et autre dieux antiques ou contemporains et leurs sectes, en passant par la Mecque et Jérusalem, sans omettre les Encyclopédistes et tous les penseurs libres (je ne connaissais pas à l’époque l’abbé Meslier).

Le temps, passait et j’essayais de me renseigner afin de savoir quelle était la procédure pour demander de me faire rayer des registres de baptême. Bien sûr, ça ne m’empêchait pas de dormir, mais je cherchais et ne savais où m’adresser.

Lorsque nous avons fait installer Internet, ma première recherche m’a permis de me connecter sur le site atheisme.free, où j’ai trouvé toutes les références utiles.
J’ai recopié la lettre type et l’ai envoyée à l’évêché (en recommandé avec AR).
Une première réponse assez longue à me parvenir m’annonçait que des recherches allaient être faites afin de me donner satisfaction. En effet je n’ai jamais pu savoir à quelle date exacte j’avais été baptisé, ni quels étaient mes parrain et marraine.
Lorsque j’ai reçu la lettre dans l’enveloppe timbrée (au grand étonnement de mon épouse surprise de constater que j’avais des relations avec l’évêché !) que j’avais jointe à ma demande, je me suis empressé de prendre connaissance du courrier qu’elle contenait.

Je ne puis décrire la grande joie et la paix intérieure, l’impression de mieux respirer, le sentiment de délivrance que j’ai ressenti, un sentiment de libération de ne plus appartenir à cette société dont je n’approuve pas les valeurs qu’elle proclame, ni les croyances qu’elle professe. Evidemment je ne suis pas allé jusqu’à faire chanter un te deum
J’ai découvert sur cet acte que mon parrain était un personnage qui m’était parfaitement inconnu : je n’en avais jamais entendu parler.

Réactions du « public »

Tout à la joie de mon accès au monde des païens tant redoutés, je fis part de ma démarche et de sons succès à mes compagnons (à peu près tous mécréants ou indifférents) lors d’une réunion de bureau d’association. Certains accueillirent la nouvelle avec intérêt, d’autres avec indifférence, mais je vis une sorte d’effroi sur le visage de quelques autres. J’observais la même réaction chez une amie à qui j’avais incidemment fait part de cette nouvelle : une incompréhension superstitieuse, j’avais outrepassé un tabou. Je pense que certains m’ont perçu comme un Don Juan serrant la main du Commandeur. Un impie, certes, mais surtout un dangereux provocateur, un inconscient bravant la foudre céleste, pour ces gens qui ne pratiquent  pas mais qui restent en retrait en se disant : « On ne sait jamais. »

Au cours d’un voyage touristique, je me trouvais avec des personnes qui incidemment m’avaient déclaré leur non foi, leur mécréance. Nous attendions que les participants à une cérémonie religieuse aient évacué l’église que nous devions visiter. Je leur fis part de ma démarche et de son succès. Ils me montrèrent aussitôt quelque froideur et me déclarèrent que c’était une décision dangereuse, que j’aurais des difficultés si je voulais un jour voyager dans un pays musulman, par exemple. A quoi je leur répondis que je ne voyagerais dans ces contrées que lorsque leurs gouvernements auraient instauré la tolérance religieuse et la liberté de pensée. Par la suite, ces personnes ne m’adressèrent plus la parole pendant les quelques jours que dura notre voyage …

Cela fait maintenant 10 ans, depuis le premier décembre, que mon nom a été rayé des registres paroissiaux de l’église saint Ausone d’Angoulême. Par contre mon nom y figure toujours, et j’y tiens, assorti de la mention : a renié son baptême. En effet je tiens a bien montrer que ce baptême m’ayant été administré, sans avoir requis, et pour cause, mon consentement, je tiens, dis-je a faire savoir que, pleinement conscient, je récuse cette décision.

Quelques réflexions à propos des rapports croyants-incroyants

Régulièrement, les croyants s’estiment en droit de traiter de sectaires, laïcards, intolérants, les incroyants qui expriment le plus souvent avec modération leurs opinions à propos des prétendues révélations divines, ou bien lorsqu’ils demandent que soient appliqués les principes de neutralité et de laïcité. Ces mêmes croyants ont imaginé le principe de laïcité à géométrie variable : laïcité positive, par exemple, ce qui ne veut rien dire, sinon pouvoir l’assaisonner à sa sauce personnelle, l’interpréter à son avantage.

La laïcité existe en tant que laïcité, tout court, sinon elle n’existe pas.

Or, cette intolérance qu’ils reprochent aux autres, en réalité ce sont eux qui la pratiquent allégrement. Je ne prétends pas qu’il n’y ait pas de mécréants agressifs, mais il m’est souvent arrivé, donnant un avis quelque peu critique à propos d’une question religieuse, d’être violemment pris à partie verbalement. A contrario, lorsque j’entends développer des théories fumeuse et afficher des croyances absolument contraires au plus élémentaire bon sens, bien que me sentant agressé, j’évite par courtoisie d’y répondre, courtoisie que l’on observe rarement chez ces mêmes croyants. Si l’on peut qualifier de blasphème religieux une déclaration ressentie comme injurieuse par des croyants (l’affaire des caricatures de Mahomet, par exemple), on peut de même qualifier de blasphème laïc une déclaration évoquant une croyance qui fait injure à la raison.

Comme d’aucuns se demandaient « comment pouvait-on être persan », je me pose la question : comment peut-on être croyant, quand je vois des personnes se conduisant normalement dans l’existence, faisant preuve d’habileté et d’intelligence mais perdant tout sens commun quand il s’agit de la chose religieuse.

Je me l’explique par le syndrome de dissonance cognitive qui provoque une véritable dichotomie entre le monde réel et celui de la foi.

J’ai été conforté dans mon hypothèse en lisant un livre assez ancien (cité plus haut) qui traite des cas d’« hystérose » que l’on nommerait maintenant je pense, réaction psychosomatique. On y trouve relatés quelques exemples concrets de personnes qui ont dans leurs activités quotidiennes un comportement tout à fait normal, mais qui, dans certaines circonstances, se comportent d’une façon parfaitement irrationnelle, induite par un événement traumatique ou affectif, tout simplement par exemple, les horribles châtiments que l’on promet aux pauvres pêcheurs, dans les leçons de catéchisme.

Il est vrai que la croyance en un monde magique et irrationnel est plus que répandue : l’extraordinaire et le merveilleux font davantage recette que la réalité et la normalité.

Mais au fait qu’est-ce qu’un comportement normal ? Qu’est-ce qui le définit ? Et qui peut se vanter d’avoir ce comportement, sans développer des idées fixes, « dadas », manies et autres TOC dont nous sommes plus ou moins conscients ?

J. J. Bonnin

Jean-Jacques Bonnin
Angoulême
5 décembre 2015

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