Foi dans les Mystères bibliques ou connaissances scientifiques ?

Les tenants du « dessein intelligent », moyen terme entre le créationnisme et l’évolutionnisme, tentent de concilier la Révélation biblique et l’évidence scientifique.

Le Vatican n’a admis qu’en 1996, du bout des lèvres de Jean-Paul II, que la théorie de l’évolution était « un peu plus qu’une hypothèse », ce qui n’empêcha pas le cardinal von Schönborn , ancien professeur à l'université de Fribourg, dans les années 60-80 (Il était venu chez-nous, invité par des amis communs), de dénoncer « l'escroquerie du dogme de l'évolution » dans « Hasard ou plan de Dieu ? » en 2005 et de se ranger dans la mouvance des adeptes du « dessein intelligent ». On croyait que l’affaire Galilée avait donné aux théologiens un minimum de prudence plutôt que de ressasser leurs convictions verrouillées et blindées pour les siècles des siècles. Son livre « La Création et l'Évolution vues à la lumière de la Foi et de la Raison » ressemble à un yo-yo, un trampoline mystique, entre un univers objectif à étudier et la Révélation d’en haut, unissant deux inconciliables, comme si l’auteur grignotait le fruit défendu de l’Arbre de la Connaissance sans oser l’avaler.

Le dieu plus olympien qu’évangélique que mon catéchisme m’a inculqué dès mon enfance avait tout de même plus de gueule que les bégaiements de mes lectures pieuses d’aujourd’hui. Je trouve des définitions qui m’éblouissent par leur imagination : Dieu révélé et dieu caché, tout près et très loin, le Tout-Puissant et le Très-Faible, le Très-haut et le Très-bas, le Tout-Autre, l’Au-delà de Tout, pauvre et vulnérable, (« Un Dieu si proche de nous qu’il habite en notre chair » … ai-je lu dernièrement), j’attrape le tournis, jeu de cache-cache dont je n’ai plus l’âge, tour de passe-passe de prestidigitateur, procession des fous à Carnaval : un pas en avant, deux pas en arrière. Le flirt entre la certitude, fille de la Foi, et les doutes fécondants, fils des sciences, restera toujours une juxtaposition, sans union possible. Si Dieu est ineffable, je comprends mal que les théologiens, les exégètes, les prédicateurs continuent d’en parler avec redondance. Devant l’Inexprimable, seul convient le silence. Même myope, je préfère les yeux de la science aux œillères de la Foi. Quand saint Paul découvrit à Athènes au milieu des nombreux monuments sacrés, un autel dédié au « dieu inconnu » (Ac 17, 22-23), il aurait pu se contenter de féliciter ceux qui avaient eu la sagesse de l’ériger.

L’Horloger anonyme de Voltaire, ou l’Architecte silencieux des francs-maçons me suffisent s’il faut vraiment trouver une réponse à l’énigme (le mystère, si l’on y tient mais sans majuscule !) de l’existence. Croire qu’un hypothétique créateur s’est révélé aux hommes si maladroitement dans certains contes, nouvelles et romans imaginés (Bible, Coran, Veda et beaucoup d’autres) par nos ancêtres tient de l’absurde. Credo quia absurdum ?

Michel Bavaud
14/02/2020

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